Argumentaire :

Au moment où la mondialisation continue à défendre un libre échange des marchandises, des capitaux, des techniques et de l’information, deux tiers de la population de la planète sont privés de libre circulation et d’installation dans les pays de leur choix. L’obligation de visas, les restrictions multiformes et le contrôle des frontières ne cessent de se multiplier. Les processus à l’origine de la privation des droits à la mobilité et leurs conséquences humaines dramatiques ont été mis en lumière depuis plus de 10 ans lors des colloques et des débats que nous organisons à l’occasion de la journée mondiale de la migration, célébrée chaque année le 18 décembre par les Nations Unies. Dans cette perspective, l’objectif du colloque de cette année est de réfléchir à une nouvelle approche des migrations, fondée sur une prise en compte de la réalité de la mobilité et de ses causes, en partant de la liberté de circulation et d’installation des personnes comme un droit reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui stipule que « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». Il s’agit ici d’analyser la question migratoire comme une stratégie de survie et de résistance, un phénomène devenu à la fois dynamique et extrêmement complexe, caractérisé par la féminisation croissante de la migration et par une augmentation du nombre de jeunes en mouvement ainsi que par une recrudescence des flux migratoires. Cette migration questionne à la fois le pays de départ et les pays d’arrivée et contrairement à l’idée qui circule, il s’agit plus d’une crise d’accueil que d’une crise migratoire. Ce colloque est un espace qui tente de dévoiler le risque sécuritaire des politiques répressives de l’immigration et de mettre en lumière une réflexion qui appelle à une nouvelle gouvernance mondiale des mobilités transnationales, dégagée de toutes les formes de préjugés, de représentations stéréotypées, et d’ idéologies du rejet, et visant à s’affranchir des phénomènes de domination néocoloniale. Il s’inscrit dans une réflexion sur la nouvelle politique migratoire au Maroc fondée sur le respect des droits des migrants. A partir d’une approche critique, les débats qui vont avoir lieu ont comme objectif d’ouvrir un débat plus large sur cette thématique et consiste à la fois à faire un bilan et proposer des pistes de réflexion.